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Démarrer à partir de l'intérieur des communautés

Historique : le contexte de Uran

Historique : le contexte de Uran

Uran est l’une des 20 unités administratives (Ward) du comté de Marsabit et fait partie de la circonscription de Moyale, qui étend ses étendues arides parsemées de buissons épineux et ses escarpements vers les falaises abruptes d’Ethiopie au Nord, et les territoires désertiques jouxtant le Désert de Chalbi au Sud. Uran bénéficie d’un exceptionnel microclimat de transition des montagnes Ethiopiennes vers les déserts du Nord Kenya et de la Somalie.

Zone rurale située à 2 kilomètres de l’Ethiopie et à 450 kilomètres de la Somalie à l’Est, Uran Ward est une zone regroupant les deux grands villages d’Uran et de Walda. Elle est habitée par 3000 personnes majoritairement issues de l’ethnie Borana dont 70% ont moins de 15 ans et sont scolarisés dans des écoles primaires.

Uran Ward disposait de deux écoles secondaires publiques dans le village de Walda recevant chacune 200 élèves.

Face à la demande croissante de renforcement du système éducatif secondaire dans la région, et à la saturation des établissements déjà présents, le projet présenté a ciblé spécifiquement le développement d’une troisième école secondaire publique mixte, située dans la zone desservie du village d’Uran, et voisine de 20 km de l’établissement secondaire le plus proche : Uran secondary school.

Le manque de moyens du secteur éducatif au Nord Kenya en général et à Uran en particulier

L’accès à l’eau, aux soins, et à l’éducation est un défi permanent dans le comté, et la majeure partie de la population adopte des mécanismes de survie.

Essentiellement nomade, la population tire la grande partie de ses revenus de l’exploitation de ses troupeaux.

Le rôle économique joué par les enfants au sein de l’unité de production pastorale est une entrave à leur éducation secondaire, hors d’atteinte pour 75 % des élèves qui stoppent leurs études à l’issue du cycle primaire.

En dehors des activités pastorales, le taux de chômage avoisine 90%.

Les établissements secondaires sont rares, et les internats existants sont saturés et souvent financièrement inaccessibles pour les familles, dont les revenus moyens mensuels se situent aux alentours de 25 euros.

Cette précarité résulte de la combinaison de l’accroissement démographique combiné aux graves sécheresses récurrentes, aux déséquilibres écologiques, à l’instabilité régionale, et à la marginalisation de l’ethnie Borana à l’échelle du Comté.

En avril 2015, de nombreux enseignants des territoires du Nord du Kenya ont quitté en masse la province Nord-Est après le massacre de 142 étudiants à l’université de Garissa revendiqué par le groupe islamiste Harakat Al-Shabaab Al-Moudjahidin, plus connu sous le nom de Shabaab (« la jeunesse »). Associés à la fermeture d’écoles par manque de moyens humains et financiers, ces départs ont partiellement interrompu la transmission des savoirs par les programmes scolaires, la mission de socialisation et d’émancipation de l’école, ainsi que l’éducation à la citoyenneté.

La fermeture de nombreuses écoles a laissé des centaines de jeunes en déshérence.

Ce fait, conjugué au contexte de vie misérable de la jeune génération Borana, et à son absence de perspectives d’avenir, est un risque supplémentaire de radicalisation.

En Août 2015, le gouvernement Kenyan a décidé de déployer 800 enseignants dans le Nord-Est délaissé suite aux attaques terroristes, et de renforcer la mobilisation nationale de lutte contre le terrorisme.

L’école secondaire d’Uran est un symbole fort dans la région car elle est restée ouverte avec son effectif pédagogique complet après la fuite des enseignants post-Garissa au Nord Kenya.

Uran Secondary School est un établissement public mis en œuvre en janvier 2014 sans grands moyens grâce à la forte motivation de son directeur-enseignant, des parents d’élèves, des communautés des 2 villages voisins de Baathanotaa à l’Ouest (120 familles) et Doti Wako’s Village au Nord (80 familles), d’où est issue la majorité des étudiants. Elle a accueilli 165 élèves en janvier 2017 et atteindra son potentiel d’accueil en 2017 avec 200 inscriptions.

Son implantation a été conçue au terme de réflexions de différentes parties prenantes issues du pouvoir central et de la société civile, et sa gestion est effectuée par un comité de pilotage local dirigé par le directeur de l’école dans lequel siègent des représentants Gouvernementaux, des parents d’élèves et des enseignants : le Board Of Management (BoM).

Elle reçoit un soutien financier annuel de 33000 € de la part du GoK depuis 2015 permettant de financer la maintenance, les frais administratifs, le salaire de 3 enseignants et les livres scolaires.

Les parents sont très impliqués ; ils contribuent aux frais de fonctionnement de l’école (paiement de 6 enseignants), et de la cantine scolaire en versant la somme d’environ 200 euros/an pour chaque enfant inscrit et couvrent les besoins financiers individuels liés à l’éducation de leurs enfants. C’est un effort important qui témoigne de la priorité que revêt l’éducation pour la population, et les communautés voisines ont organisé un élevage de chèvres spécifique pour dégager les revenus nécessaires au paiement des études de leurs enfants.

Le Comité de pilotage de l’école a su mobiliser toutes les ressources existantes pour implanter son projet. Il a une vision à long terme de son établissement, et des moyens à mettre en œuvre pour conjuguer la participation des enfants, filles et garçons, dans la vie et les pratiques de la société pastorale tout en leur permettant un accès à une éducation secondaire publique de qualité.

Le 19 Décembre 2015, une levée de fonds privée a été réalisée à Uran, sous l’impulsion du Directeur de l’Ecole et d’une personnalité politique ayant passé son enfance dans le village. Cette initiative a permis de réunir la somme de cinquante mille euros, en présence de nombreux Membres du Parlement et de Sénateurs. Cette somme a été utilisée pour construire et pour équiper un laboratoire de sciences.

L’accueil d’enfants en rupture de scolarité suite aux déplacements forcés

Des épisodes de déplacements forcés de population à la suite de violences ont encore plus appauvri de nombreuses communautés Borana. Quelques enfants sont en situation de déplacement forcé et vivent chez des familles d’accueil. Le développement de l’école a permis d’accueillir des enfants supplémentaires issus de la population déplacée ayant terminé leur cycle primaire et n’ayant pas été scolarisés depuis janvier 2014.

Le risque de radicalisation de la jeune génération

Un risque de radicalisation réside dans les effets de la stigmatisation, de la pauvreté, des lacunes éducatives et de l’absence d’intégration sociale nationale des jeunes Borana.

La forte demande de l’école et de la population locale était la mise à disposition d’une bibliothèque communautaire dans l’enceinte de l’école, en l’absence totale de livres dans la région, et d’initiatives à la fois éducatives, extra-scolaires et culturelles.

La bibliothèque a offert un espace culturel d’ouverture. Des rencontres thématiques ont contribué à prévenir les facteurs structurels et idéologiques à l’origine de l’extrémisme violent en proposant des activités intellectuelles et éducatives à la génération montante.

Le programme RESILIENCE s’est terminé. Débuté en 2016, l’objectif global de ce programme visait à lier les efforts humanitaires et de développement pour accroître la résilience des ménages, familles, communautés et systèmes vulnérables afin de rompre avec le cycle des crises alimentaires, nutritionnelles et sanitaires récurrentes au Nord Kenya.

Les projets à URAN se sont inscrits dans le développement de l’enseignement public secondaire adapté aux populations pratiquant le nomadisme.

Projets réalisés: 

  • Construction d’une salle de classe.
  • Contribution à la mise en œuvre d’une classe de physique-chimie.
  • Construction de 3 blocs de latrines.
  • Mesures d’assainissement et de tri sélectif.
  • Mise en œuvre au profit de l’école d’activités génératrices de revenus en lien avec l’assainissement et l’hygiène (filière de confection de savons et d’objets recyclés).
  • Approche CLTS au profit des communautés voisines.
  • Création d’une bibliothèque communautaire accueillant les enfants des écoles primaires et secondaires de la région, ainsi que lectorat potentiel de toute la zone.
  • Ateliers anti-radicalisation violente.